Déclaration en défense du clonage


 et de l’intégrité de la recherche scientifique

 

Voici un document exceptionnel que les grands médias se gardent bien de vous faire connaître. Il s’agit d’une déclaration solennelle de l’Académie internationale de l’humanisme, paru en 1997 à la suite du clonage de la brebis Dolly.

Des personnalités célèbres et compétentes se prononcent très clairement en faveur de poursuite des travaux sur le clonage, dans le cadre d’une éventuelle application à l’homme.

Parmi les signataires, on note la présence de l’ancienne présence du Parlement européen, Simone Veil, du célèbre scientifique britannique Richard Dawkins, du Prix Nobel et co-découvreur de la structure en double hélice de l’ADN, Francis Crick, de l’écrivain bengali Taslima Nasrin.

Une simple question émerge à la lecture de cette déclaration : pourquoi prétendre qu’il existe un consensus total pour condamner le clonage humain ?

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Nous, signataires, accueillons favorablement les annonces de progrès majeurs dans le clonage des animaux supérieurs. Tout au long de ce siècle, les sciences physiques, biologiques et comportementales ont donné d’importantes capacités à l’homme. Elles ont aussi permis une extraordinaire amélioration de sa santé. Quand les nouvelles technologies ont provoqué l’émergence d’interrogations éthiques légitimes, la communauté humaine a en général démontré sa volonté de s’y confronter ouvertement et de chercher des réponses qui favorisent le bien-être de tous.

 

Le clonage des animaux supérieurs provoque des inquiétudes éthiques. Des règles appropriées doivent être mises en place afin de prévenir les abus tout en maximisant les bénéfices du clonage. Ces règles devront respecter le plus largement possible l’autonomie et le choix de chaque être humain. Tous les efforts sont nécessaires pour ne pas entraver la liberté et l’intégrité de la recherche scientifique.

 

Personne à ce jour n’a démontré sa capacité à cloner des êtres humains. Pourtant, l’éventualité bien réelle d’un tel aboutissement des découvertes actuelles a provoqué un torrent de protestations. Nous constatons que des appels unanimes à un moratoire, une interruption ou une interdiction des recherches sur le clonage sont venues de sources aussi différentes que le président Bill Clinton aux Etats-Unis, le président Jacques Chirac en France, l’ancien Premier ministre John Major en Grande-Bretagne ou encore le Vatican à Rome.

 

Nous pensons que la raison est l’outil le plus puissant dont l’homme dispose pour affronter les problèmes qu’il rencontre. Or, les arguments raisonnables ont été les plus rares dans le flot d’accusations portées contre le clonage. Les critiques se sont complus à dresser des parallèles avec le mythe d’Icare ou avec Frankenstein, prédisant de terribles conséquences si les chercheurs en venaient à poser des questions auxquelles l’homme ne serait pas prédestiné à répondre. A en croire les critiques les plus virulentes, il semble que le clonage humain provoquerait des dilemmes moraux plus profonds que tous ceux déjà affrontés au cours du développement scientifique et technologique.

 

Quels sont les enjeux moraux du clonage humain ? Certaines religions enseignent que les êtres humains sont fondamentalement différents des autres mammifères - que les hommes se sont vus attribués une âme immortelle par un dieu, leur conférant ainsi une valeur incomparable à celle des autres êtres vivants. La nature humaine est supposée unique et sacrée. Les découvertes scientifiques qui présentent le risque de modifier cette “ nature ” sont fermement condamnées.

 

Aussi profondément ancrés que soient ces dogmes, nous nous demandons en quoi ils doivent être invoqués pour décider si l’homme peut ou non bénéficier des nouvelles biotechnologies. Pour autant que l’on se réfère à nos connaissances scientifiques, Homo sapiens appartient au monde animal. Ses capacités diffèrent en degré, mais non en nature, de celles des autres animaux supérieurs. Le riche répertoire de nos pensées, de nos sentiments, de nos aspirations et de nos espoirs provient de mécanismes électrochimiques du cerveau, et non d’une âme immatérielle dont aucun instrument ne pourrait déceler les effets.

 

En ce qui concerne le clonage humain, la première question à se poser est donc la suivante : ceux qui en réfèrent à des arguments surnaturels ou spirituels ont-ils la moindre qualification pour contribuer à ce débat ? Il est évident que chacun a le droit d’être entendu. Mais nous pensons qu’il existe un danger bien réel de voir interdite une recherche aux bénéfices potentiels gigantesques pour la seule raison qu’elle heurte les croyances religieuses de certains. Il convient de reconnaître que des objections similaires avaient été jadis opposées aux autopsies, à l’anesthésie, à l’insémination artificielle et à l’ensemble de la révolution génétique qui s’opère aujourd’hui - malgré les avantages substantiels procurés par toutes ces innovations. Une vision de la nature humaine enracinée dans le passé mythique de l’humanité ne doit pas être notre critère fondamental de décision morale en ce qui concerne le clonage.

 

Nous ne voyons aucun dilemme moral dans le clonage des animaux supérieurs. Et nous ne voyons pas en quoi le futur clonage de tissus humains, voire d’êtres humains, soulève des problèmes moraux dont la résolution excéderait les capacités de notre raison. Ces interrogations éthiques liées au clonage ne sont pas plus profondes ni plus graves que celles déjà affrontées face aux technologies de l’énergie nucléaire, de l’ADN recombinant ou du cryptage informatique. Elles sont tout simplement nouvelles.

Historiquement, l’attitude luddite, qui souhaite revenir en arrière et limiter ou interdire l’application de technologies existantes, ne s’est jamais révélée réaliste ou productive. Les bénéfices potentiels du clonage peuvent être si importants que cela serait une tragédie de voir des anciens scrupules théologiques justifier son rejet aveugle. Nous en appelons à un développement continu et responsable des technologies de clonage, et à une large prise de conscience afin que des vues obscurantistes et traditionalistes ne nous privent pas indûment des fruits de ces développements scientifiques.).


Signataires : les lauréats de l’Académie internationale de l’humanisme

Pieter Admiraal (médecin, Pays-Bas) • Ruban Ardila (psychologue, Université de Colombie) • Sir Isaiah Berlin (philosophe, université d’Oxford, Royaume-Uni) • Sir Hermann Bondi (Fellow de la Royal Society, université de Cambridge, Royaume-Uni) • Vern Bullough (Université de Californie, Etats-Unis) • Mario Bunge (épistémologue, Université McGill, Canada) • Bernard Crick (politologue, Université de Londres, Royaume-Uni) • Francis Crick (Prix Nobel, Etats-Unis) • Richard Dawkins (biologiste, université d’Oxford, Etats-Unis) • José Delgado (neurobiologiste, Espagne) • Paul Edwards (philosophe, Etats-Unis) • Antony Flew (philosophe, Royaume-Uni) • Johan Galtung (sociologue, Norvège) • Adolf Grünbaum (philosophe, Etats-Unis) • Herbert Hauptmann (Prix Nobel, Etats-Unis) • Alberto Hidalgo Tuñón (philosophe, Espagne) • Sergei Kapitza (physicien, Russie) • Paul Kurtz (philosophe, Etats-Unis) • Gerald A. Larue (professeur d’archéologie et études bibliques, Etats-Unis) • Thelma Z. Lavine (philosophe, Etats-Unis) • Jose Leite Lopes (physicien, Brésil) • Taslima Nasrin (écrivain, Bangladesch) • Indumati Parikh (Inde) • Jean-Claude Pecker (astrophysicien, France) • W.V. Quine (philosophe, université Harvard, Etats-Unis) • J.J.C Smart (philosophe, Australie) • V.M. Tarkunde (Inde) • Richard Taylor (philosophe, Etats-Unis) • Simone Veil (ancienne Présidente du Parlement européen, France) • Kurt Vonnegut (écrivain, Etats-Unis) • Edward O. Wilson (sociobiologiste, université Harvard, Etats-Unis).

 


 

E-pétition des Mutants : Pour le libre choix de la procréation et pour l'autorisation du clonage reproductif