Laurent Courau

www.laspirale.org


 



"Satomi" - Erick D. Panavières
www.erickdpanavieres.com

 

1. En quelques mots... qui est donc Laurent Courau ?

Un nomade du réseau, le grand gourou de la Spirale et depuis peu le fondateur de l’Ordre Très Hermétique des Mutants Digitaux, une organisation ésotérique à vocation pataphysique et conspirationniste. Nous avons déjà été rejoints par d’anciens membres du fan-club de Michael Jackson. C’est vous dire si nous sommes prêts à prendre le contrôle de cette planète !

2. Tu t'intéresses aux marges (mot non péjoratif bien sûr) des sociétés industrialisées. D'où te vient cette curiosité?

Ayant passé mon enfance à voyager dans le sillage de mes parents, je me suis trouvé plus souvent qu’à mon tour dans la position de l’outsider, du nouveau, de l’étranger. Les enfants ne sont pas nécessairement tendres avec le nouveau qui arrive en cours d’année dans une classe d’école et j’en ai très tôt conçu une forte méfiance à l’égard de la masse, du communautarisme et des traditions. Mon retour sur Paris au début des années 80 correspondait avec l’explosion de la seconde vague punk. Ne pouvant qu’adhérer à cette décharge d’énergie subversive, il m’a suffi d’acheter Never Mind The Bollocks, le premier album des Sex Pistols, pour plonger tête-bêche dans la marmite bouillonnante de la contre-culture. Etant d‘un naturel plutôt agité, je me suis par la suite impliqué dans diverses activités (organisation de concerts hardcore, réalisation de vidéoclips pour des groupes indépendants, publication d’une lettre d’information cyberpunk photocopiée, etc.) jusqu’à l’arrivée du web et la création de la Spirale.

Ces expériences n’ont fait que confirmer ce que je pressentais, que les initiatives culturelles et artistiques les plus intéressantes apparaissent dans les marges, là où elles échappent au contrôle des pouvoirs en place, qu’ils soient institutionnels ou commerciaux. Un principe qui vaut pour le mouvement hippie des 60's, le punk, le hip hop, la culture techno, le renouveau gothique, etc. Et puis, au risque de me répéter, il est plus drôle d’interviewer un évangéliste satanique, un freak adepte des modifications corporelles, une artiste numérique transsexuelle ou un savant fou spécialisé dans l’implantation de puces électroniques dans le corps humain que d’écrire un papier sur les mérites comparés des programmes électoraux de François Hollande et de Jean-Pierre Raffarin. Sans compter que ces freaks portent en eux autant, sinon plus, de germes du futur que les deux politiciens cités.

3. Tu animes laspirale.org sur Internet. Depuis combien de temps pratiques-tu ce média ? Comment décrirais-tu son originalité par rapport aux autres médias ?

En 1995 le rêve est devenu réalité. J’ai enfin pu connecter mon ordinateur au réseau, après des années d’attente et de frustration avivées par la lecture des romans de William Gibson et de magazines californiens comme Boing Boing ou Mondo 2000. Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour transférer sur Internet le contenu de la lettre d’information cyberpunk que je publiais à l’époque. Et bingo ! J’ai enfin pu entrer en contact avec les artistes, les écrivains et les journalistes dont j’étais fan. La suite de l’histoire est encore en ligne dans les archives de la Spirale au travers des dizaines d’interviews et de galeries d’images publiées au fil des années.

L’originalité de l’Internet par rapport aux autres médias ? L’individu n’y est plus confiné au seul rôle de récepteur/consommateur, comme c’est le cas avec les médias traditionnels que sont la presse, la radio ou la télévision. Il peut à son tour émettre un signal et interagir. Ceci ne signifiant pas que les signaux émis seront tous intéressants, mais c’est une autre histoire et quelque part on s’en fout un peu. Là n’est pas la question. La liberté d’expression est un droit fondamental. Il paraîtrait même que ce serait un des piliers de la démocratie. Après, à chacun de faire son tri dans le chaos du réseau…

 



"Outcast" - Rudolf Herczog
www.subspacegraphics.com

4. Dans l'introduction du livre, tu parles des 80's comme de la "décennie séminale". Que s'est-il passé alors ? Quelles sont les scènes (musicales, techniques...) déterminantes du tournant vers la crash culture ?

Outre la démocratisation de la micro-informatique, l’apparition du Sida et les premiers signes d’effondrement du bloc soviétique, les années 80 ont été marquées par une série de vagues et d’initiatives culturelles dont l’influence se fait sentir jusqu’à aujourd’hui. En vrac, le punk et le hardcore, le hip hop, la cold wave, la house music et le Summer of Love d’Ibiza en 1987, les premiers frémissements de la scène techno et l’apparition des free-parties, les travellers, Act Up et le nouveau militantisme gay, la littérature cyberpunk, les images numériques, l’Electro Body Music et la Nu Beat en Belgique, la scène industrielle… La liste est interminable. Il ne se passait pas une semaine sans que de nouveaux sons viennent bouleverser les charts. Ajoutons à ça, l’apparition des radios libres et les centaines de fanzines qui leur ont emboîté le pas pour se faire l’écho de cette agitation pour avoir un bref aperçu de l’énergie qui animait les années 80. Pour résumer, plus qu’une scène en particulier, c’est ce bouillonnement protéiforme et l’accélération créative due aux nouvelles technologies émergentes, micro-informatique en tête, qui m’amènent à penser que cette période a été déterminante pour les années qui allaient suivre.

5. En regardant notre génération (née dans les années 60 ou 70 du siècle dernier), on a le sentiment d'une mutation majeure des mentalités. Serait-ce une simple illusion d'optique, une vue de la marge ? Qu'est-ce qui a vraiment changé selon toi ? (La question précédente était plutôt "événements extérieurs" ; là, c'est la même mais du point de vue intérieur, psychologique)

Je suis assez partagé sur cette question. Notre environnement technologique a radicalement changé mais je ne suis pas certain que ça se traduise de manière très positive à une échelle générationnelle. Où sont les signes avant-coureurs de la mutation ? Le quidam moyen babille durant des heures avec l’oreille collée à son portable, lorsqu’il ne s’esquinte pas les yeux à rédiger et lire des SMS truffés d’abréviations débiles. Les célibataires passent leurs nuits à chatter sur Internet dans l’espoir de trouver l’âme sœur et on peut maintenant rejouer les scènes d’action de Matrix au ralenti avec une qualité d’image inédite grâce au DVD. Ca peut sans doute avoir le goût et la couleur de la mutation, mais ça me paraît plutôt être de la stagnation caractérisée, voire même de la régression dans certains cas. Heureusement, il y a toujours eu et il y a encore des factions progressistes qui avancent au défi des conventions en tirant profit des dernières avancées technologiques pour semer les germes de la mutation. Mais elles sont encore loin de faire l’unanimité, ce qui n’a en soi rien d’étonnant. Il ne manquerait d’ailleurs plus que ça…

6. La technoscience est une source d'inspiration majeure de la crash culture, qui a d'ailleurs commencé comme "cyberculture". Elle est aussi une sorte de préalable nécessaire, puisqu'elle met à disposition les outils concrets de modification de soi / des réalités / des mentalités. La génération mutante est-elle la fille des grandes révolutions technoscientifiques?

Indiscutablement, mais pas uniquement. La mutation dont nous parlions précédemment est le fruit des révolutions techniques et scientifiques récentes mais aussi l’héritière des excentriques des générations et des décennies passées, de Lord Byron à Timothy Leary, en passant par Salvador Dali, Fakir Musafar ou Johnny Rotten pour donner quelques repères. Nous devons beaucoup à la folie généreuse qui les animait et je n’ose imaginer le monde dans lequel nous vivrions sans leurs extravagances. Alors oui aux grandes révolutions technoscientifiques, mais certainement pas sans contre-pouvoirs, aussi délirants soient-ils. Sans cet équilibre, il n’y aurait probablement pas de génération mutante mais une seule et unique génération Bill Gates, formatée pour le pire.

 



"Dissémination" - Laurent Courau
www.mondocourau.com


7. Entre un artiste numérique, un adepte de modifications corporelles, un membre de famille vampyre et un organisateur de soirée fétichiste, quels sont les points communs ?

Avant tout un nouveau mode de fonctionnement en réseau. Les quatre exemples cités font partie de phénomènes culturels dont le récent développement fut en grande partie assuré grâce aux nouvelles technologies de l’information. Il ne s’agit évidemment pas de dire que les modifications corporelles ou le fétichisme n’existaient pas avant l’apparition de l’Internet, mais les réseaux informatiques ont permis aux amateurs de tatouages, piercings, scarifications et autres implants transdermiques de communiquer, de se rencontrer et d’échanger des informations - ce qui a évidemment contribué à la diffusion de ces pratiques auprès d’un plus large public. Même chose pour le fétichisme dont les adeptes étaient auparavant réduits à la lecture de publications confidentielles. Deux clics de souris leur suffisent aujourd’hui pour accéder à des dizaines de milliers de pages web. Même chose du côté des vampyres pour qui il est moins risqué de chercher l’âme sœur dans les mondes virtuels que dans les jungles urbaines et je ne parle même pas des artistes numériques pour qui le réseau est rien moins que fondamental.

8. Nos aînés attendaient souvent une "explosion" du système, avec une révolution qui change tout par le haut. Les représentants de la mutation pop ne raisonnent plus du tout (ou presque) selon un point de vue doctrinal, politique. Les mutations pop ressemblent à une sorte d'implosion par le bas, comme si des individus et des communautés se détachaient peu à peu du lot commun, pour vivre "à côté" des autres. As-tu un avis là-dessus ?

L’effondrement du bloc soviétique a mis un sacré coup aux utopies révolutionnaires, telles qu’on les connaissait jusque-là. A quoi bon faire la révolution s’il s’agit de reproduire les mêmes erreurs ou pire si affinités ? Par conséquent, de plus en plus de gens ont tendance à s’écarter de la société plutôt que de tenter de la modifier. Plutôt modifier son mode de vie, son corps et son environnement immédiat qu’un système face auquel on se sent totalement impuissant. Lorsqu’il n’y a plus d’utopies, qu’elles soient révolutionnaires ou autres, il ne reste plus que la survie qui se situe elle à un niveau beaucoup plus individuel. On tente de subsister et de se réorganiser à l’écart des normes en formant de petits groupes, en constituant de nouvelles structures tribales. Ce qui explique en partie que les communautés opèrent leur grand retour en zone rurale ou que de nouveaux groupes de nomades se constituent pour parcourir les chemins de traverse du nouveau et de l’ancien monde.

Mais j’ai surtout le sentiment que nous sommes dans l’œil du cyclone, que nous traversons une période de calme trompeur et qu’il ne faudrait pas grand-chose pour que ça redémarre. Un système a la contestation qu’il mérite et le libéralisme à court terme, tel qu’il est appliqué par les décideurs actuellement en place, n’a rien pour me rendre très optimiste. Lorsqu’on accule les gens au désespoir, on doit s’attendre en toute logique à un retour de bâton. Avant que ça arrive, il faudrait peut-être éliminer les pauvres, rayer de la carte ceux qui sont passés en dessous d’un niveau de vie minimum et qui n’ont plus les moyens financiers de faire partie des masses consommatrices ? Ou peut-être ouvrir des camps de travail obligatoire pour les chômeurs longue durée, les sans domiciles fixes et les assistés ? Cette dernière proposition éviterait bien des délocalisations vers la Chine et les puissances émergentes… Les écrivains de littérature prospective sombre des années 70 avaient vu juste. L’appât du gain et la soif de pouvoir nous entraînent inexorablement vers des lendemains qui déchantent.

9. On décèle parfois chez certains une fascination-répulsion pour le capitalisme. Après tout, il faut bien reconnaître que la méchante Amérique marchande, particulièrement son appendice hyperoccidentale californien, est un des plus gros laboratoire de mutation du monde. Tu as un avis à ce sujet ?

L’Amérique a les qualités de ses défauts. Elle reste le lieu de tous les possibles, pour le meilleur comme pour le pire. Certains évènements récents ne plaident pas en faveur de sa classe dirigeante mais s’arrêter à ce seul aspect des USA reviendrait à ne considérer la France qu’au travers du prisme chiraquien. Quant au capitalisme, il n’est pas le seul fait des américains, loin s’en faut. Les patrons français ne sont pas en reste, même s’ils s’y essaient parfois avec moins de bonheur que leurs collègues d’outre-atlantique, comme ce fut le cas pour Jean-Marie Messier.

Pour ce qui est de la mutation, on ne peut nier que la Californie a constitué durant quelques décennies un épicentre de la folie humaine. Ils se paient même le luxe d’avoir Terminator comme gouverneur. J’ai souvent interrogé mes interlocuteurs de la Spirale sur la position particulière de cet état. R.U. Sirius, le cofondateur de Mondo 2000, m’avait parlé de bohémiens et de prostitution. Lisa Palac de Future Sex m’avait parlé de métissage ethnique et Mark Frauenfelder de Boing Boing avait évoqué une théorie de Timothy Leary selon laquelle les freaks migrent vers l’ouest à chaque fois que la société dans laquelle ils vivent ne valorise plus leur talent et leur intelligence. Que peut-on ajouter de plus ? Freaks, bohémiens, métissage et prostitution… Ajoutez à ça un gros zeste de nouvelles technologies, la faille de San Andréa, secouez fort et appréciez le bouillon de culture mutant !

Mais je crains fort que le leadership californien soit d’ors et déjà remis en question. Les signes de dérèglements se multiplient sur toute la surface de la terre et la côte ouest des Etats-Unis n’a plus le monopole de la démence socioculturelle. Presse, télévision, littérature, cinéma… Une drôle de sous-culture de masse a pris possession des réseaux de communication planétaires, Nice People et Star Academy à l’appui. Après le village global cher aux hippies numériques des débuts de l’Internet, on peut maintenant parler à juste raison d’hôpital psychiatrique mondial. On regrettera juste l’absence de médecins au chevet des malades et de ce fait un bon sens de l’humour (noir) est conseillé pour traverser les années à venir.

10. Le corps (modification, exposition, transfiguration, amélioration, effacement) semble fort important dans les préoccupations de crash culture. D'où vient cette centralité selon toi ?

Il y a de multiples facteurs à ça. Ça rejoint en partie la fin des utopies dont il était question plus haut. On ne croit plus qu’il soit possible de changer le monde, alors on s’occupe de son propre corps. Mais réduire les démarches contemporaines autour du corps à ce seul repli serait une erreur. Les progrès scientifiques récents entraînent de nouveaux questionnements. La science nous ouvre de nouvelles portes mais à qui profite ces découvertes ? Comme le rappelle Lukas Zpira dans son introduction au body hacktivisme, de plus en plus de brevets scientifiques et médicaux décisifs pour notre évolution appartiennent à des entreprises privées. Certains des grands spécialiste mondiaux de la cybernétique, tels que Bill Joy ou Kevin Warwick, s’en inquiètent déjà et vont jusqu’à envisager des scénarios cauchemardesques jusque-là réservés à la littérature de science-fiction, comme des implants qui connecteraient notre système nerveux à un réseau omnipotent capable de prendre certaines décisions à notre place. Qu’ils aient tort ou raison importe finalement peu. L’important est que le débat puisse avoir lieu et que l’information transite. Il ne s’agit pas de refuser les évolutions technologiques mais au contraire de les appréhender de notre mieux, ce qui nécessite de connaître et d’interroger ceux qui en détiennent les clefs. Et pour cela, nous avons encore une fois besoin d’un équilibre entre pouvoirs et contre-pouvoirs.

11. Certains de tes interlocuteurs se posent le (vieux) problème de la récupération : les marges du système sont aussi son réservoir d'innovation, 1% des créations marginales actuelles devenant 90% du mainstream de demain. Te poses-tu ce genre de questions et comment y réponds-tu ? Où trouves-tu qu'elles sont un peu dépassées ?

L’industrie du divertissement et les médias tournent aujourd’hui en roue libre. Il faut toujours plus de matière première pour nourrir une machine dont on a perdu le contrôle. Alors les directeurs artistiques des maisons de disque et les créatifs des agences de communication puisent dans le vivier que constituent les marges du système et la récupération s’opère. Ce fut le cas pour la techno, le hip hop, le piercing, etc. On pourrait presque parler d’un écosystème culturel avec le processus de recyclage que ça sous-entend. Mais il importe finalement peu que les multinationales du divertissement s’emparent des innovations culturelles et artistiques, car cette récupération ne va pas sans contamination et sans effets secondaires. Immanquablement, à chaque fois que cet écosystème culturel digère de nouveaux concepts et de nouvelles esthétiques, la société toute entière s’en retrouve affectée par l’intermédiaire des médias qui jouent leur rôle de vecteurs épidémiques. Sans compter que la relève est assurée de manière permanente car il y aura toujours de nouvelles marges pour remettre en question le statu quo commercial. Il appartient aux acteurs des marges de savoir jouer de cette situation en la retournant à leur avantage.

12. Ton livre m'a fait penser à une sorte de suite de "Lipstick trace. Histoire secrète du XXe siècle" de Greil Marcus. Cet auteur a-t-il eu une influence sur toi ? Penses-tu que les personnes / mouvements que tu fais découvrir (et ton site lui-même, bien sûr) écrivent une sorte d'histoire parallèle à l'histoire officielle, dont le caractère fondateur et séminal sera reconnu bien plus tard ?

J’ai lu Lipstick Traces de Greil Marcus sur le tard, bien après la création de la Spirale. Mais je ne peux qu’adhérer à son propos. L’histoire officielle et l’histoire parallèle qui nous est chère ne sont que deux points de vue différents sur la même histoire. Tout est inextricablement lié. Quelle fut l’impact du mouvement pacifiste et des hippies durant la guerre du Vietnam ? Pourquoi est-ce que les autorités américaines ont eu autant à cœur d’en finir avec les Black Panthers ? Peut-on négliger l’influence de la pop culture et du rock ‘n’ roll sur la jeunesse des pays de l’est durant la seconde moitié du vingtième siècle et le rôle qu’ils ont joué dans l’effondrement du bloc soviétique ? Jusqu’à la Nasa qui engage depuis quelques années des auteurs de science-fiction pour imaginer la colonisation de l’espace… La technique de médias de masse contemporains consiste généralement à minimiser le rôle de la contre-culture au profit de produits culturels plus malléables, mais que penser de l’influence qu’ont pu avoir les hackers sur la société de l’information depuis deux décennies ? Il s’agit pourtant bien d’une minorité marginale qui s’intitule elle-même l’underground informatique. A partir de là, qui peut vraiment prédire l’impact futur de phénomènes encore aussi marginaux que le body hacktivisme ou les cultes vampyriques ? Croyez-moi, on n’a pas fini de rire…

 



"Fluffy Flowers" - Nate Van Dyke
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13. Quels sont tes projets pour l'avenir immédiat ?

Poursuivre encore et toujours la Spirale, terminer le film sur les vampyres sur lequel je travaille depuis un an et demi, attaquer l’écriture d’un roman et lancer une nouvelle collection de livres pour laquelle des discussions sont actuellement en cours avec plusieurs maisons d’édition. Et puis dormir, prendre l’apéritif au bord du lac Léman où j’ai établi mon quartier général entre deux voyages, écouter des disques de breakbeat brésilien ou de vieux albums de T-Rex, Motorhead et Lee Scratch Perry, courir et faire de la corde à sauter ! Pour la suite, on verra…


14. En quelques mots... quelle est ton idée du monde vers 2037 ?

A la base, plutôt de sombres pressentiments. Tout tend à prouver que nous sommes à un tournant de l’histoire humaine. Un réveil des mentalités est plus que jamais nécessaire mais je doute qu’il ait lieu sans un choc préalable. Nous nous comportons trop souvent comme un groupe de primates et quelque chose me dit que nous risquons de vivre des moments difficiles avant que l’étincelle salvatrice ne se fasse. D’un autre côté, les capacités d’adaptation humaines semblent sans limites. Il y a donc de l’espoir. Comme je le dis en conclusion de Mutations pop et crash culture, nous sommes condamnés à nous réinventer, ce qui ne pourra se faire sans curiosité et sans esprit de partage. R.U. Sirius souligne dans son interview que les nouvelles dichotomies politiques ne sont plus entre la droite et la gauche mais entre le dynamisme et la stagnation, le problème étant de trouver des moyens d’entraîner le commun des mortels dans cette dynamique. Nous ne pourrons plus longtemps nous réfugier derrière des schémas mentaux obsolètes. Il ne tient qu’à nous de nous éveiller pour relever le défi ou de choisir de nous enfoncer dans une dégénérescence réactionnaire et consumériste qui nous mènera à notre perte. Avec un peu de chance et beaucoup de détermination, le futur peut redevenir souriant…

 

 

 



Laurent Courau dans Libération :

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L'anthologie de laspirale.org :

Mutations pop et crash culture