Horizons biotechs
12 technologies qui changeront votre vie

 

La Mutation, c’est bien beau... Mais qu’est-ce qui va changer dans nos vies ? Cette question revient souvent. Voici donc des technologies qui vont modifier concrètement nos existences dans les 10 à 20 ans à venir. Elles s’inscrivent à la rencontre de l’artificiel et du naturel, de la machine et du vivant. Fusion technobiotique en forme de devenir post-humain.

A la différence de beaucoup d’illuminés sectaires et prophètes béats, nous ne promettons nullement la Lune. Les technologies ici évoquées sont toutes en incubation dans les laboratoires (généralement privés) de la planète. Certaines sont déjà disponibles sur le marché. Nous mettons d’ailleurs au défi quiconque de nier leur existence bien réelle, dont on évite souvent de parler pour des raisons morales ou économiques. Les Mutants sont à votre disposition si vous souhaitez en savoir plus sur chacune de ces technologies et être mis en contact avec des prestataires de service, lorsque cela est juridiquement et technologiquement possible.

Nous nous sommes volontairement limités aux technologies ayant une influence directe sur le corps, le vôtre ou celui de vos enfants. Il est évident que bien d’autres innovations vont changer notre vie quotidienne : modes de transport, de communication, d’information, de reconnaissance, d’identification, de consommation, de production, etc. Les nanotechnologies seront ainsi probablement au XXIe siècle ce que l’électronique fut au XXe.

La Mutation englobe toutes ces modifications en forme de remodelage technoscientifique des sociétés post-industrielles. Mais le point nodal est toujours l’humain, à la fois problème et solution. Ce sont donc des techniques modifiant directement l’humain, ou la perception qu’il a de lui-même, que nous mettons ici en avant.

Voici votre futur proche. Du moins si vous choisissez la voie de la Mutation. Sinon, continuez à manger, à dormir, à travailler et à mourir comme avant…



Test génétique

Nous savons désormais que l’homme possède environ 38 .000 gènes. 23.000 d’entre eux sont déjà annotés, c’est-à-dire qu’on les localise précisément sur leurs chromosomes et qu’on entrevoit leurs fonctions. Cette fonction peut être la régulation d’un autre gène ou la production de peptides (dont les protéines). La plupart des gènes existent avec des variantes. Le test génétique consiste à vous dire quelles sont les variantes que vous avez la chance (ou la malchance) de posséder. Vous ou votre fœtus, bien sûr. La plupart des gènes connus concernent des maladies monofactorielles (mucoviscidose, myopathies, Tay-Sachs par exemple) ou polyfactorielles (cancers, diabète, Alzheimer par exemple). On connaît aussi des gènes de qualité, qui améliorent la production de neurotransmetteurs, augmentent l’oxygénation sanguine, diminuent l’oxydation cellulaire… En faisant un test génétique, vous connaissez vos prédispositions de vie. ET pourrez moduler votre existence en conséquence, car c’est toujours à vous qu’il revient en dernier ressort de créer le milieu d’expression de vos gènes.

Disponibilité : immédiate.

 

Test protéiques

On en parle beaucoup moins, mais c’est un horizon important de la recherche appliquée, à travers notamment le projet Protéome humain. Les gènes sont intéressants parce qu’ils sont au début de la grande chaîne ininterrompue de fabrication du corps humain. Mais les briques élémentaires de cette fabrication, ce sont avant tout les protéines. On en compte plusieurs dizaines de milliers dans notre organisme, dont 10.000 à 15.000 pour le seul cerveau. Les protéines sont des chaînes de peptides qui occupent différentes fonctions, comme par exemple la construction des tissus (kératine, collagène) ou la transmission d’information (dopamine, testostérone). De nombreux tests (urine, salive, plasma) sont déjà disponibles. Et de nombreuses médications consistent à compenser les protéines manquantes, comme l’insuline pour les diabétiques ou la sérotonine pour les dépressifs. A terme, on pourra évaluer l’ensemble des protéines présentes dans notre organisme, pour compenser des manques locaux et provisoires, ou globaux et permanents. Mais aussi pour accentuer tel dosage protéique en fonction de ses besoins ou de ses désirs.

Disponibilité : immédiate.

 

Génotypage

Le principe est simple : vous donnez un échantillon à un laboratoire ; quelques heures ou quelques jours plus tard, on vous rend sur un CD-rom la totalité de votre génotype (le génome est l’ensemble standard des gènes d’une espèce, le génotype est votre ensemble personnel de gènes). En suite, c’est à vous et à votre conseiller génétique d’observer en détail votre dotation afin d’en déterminer les points forts ou les points faibles. A terme, il est probable que chacun codera sur une petite carte-puce son génotype. Cela pourra être fort utile, car on s’aperçoit de plus en plus que les traitements médicaux n’ont pas le même effet selon la nature génétique des individus. Le but de la pharmacogénomique est ainsi de mettre au point des molécules les plus individualisées possibles.

Disponibilité : immédiate, mais fort coûteuse. 2005-2006 à un prix abordable, selon Craig Venter, patron de la société privée Tigr qui a co-déchiffré le génome humain.

 

Banque cellulaire

Tout le monde a entendu parler des cellules souches. De quoi s’agit-il ? Au moment de la fécondation, le futur humain est une cellule unique, formée par la fusion d’un ovocyte et d’un spermatozoïde. Cette cellule va grossir 5000 à 6000 fois pour donner un bébé. Comment est-ce possible ? Parce que les cellules embryonnaires sont dites “ totipotentes ”, c’est-à-dire qu’elles peuvent se spécialiser dans n’importe quelle des 200 familles de cellules que compte notre organisme (cellules nerveuses, cardiaques, musculaires, hépatiques, sanguines, etc.). Elles sont à la “ souche ” de toutes les autres cellules. Au bout d’un certain nombre de divisions, ces cellules souches deviennent multipotentes (elles perdent de leur pouvoir de différenciation), puis spécialisées. On trouve encore quelques cellules souches dans notre corps adulte (cerveau et moelle épinière), mais en plus petites quantités et, pour le moment, avec une moindre multipotence. Le principe de la banque cellulaire est simple : on prélève des cellules souches chez l’embryon, puis on les conserve en culture (elles peuvent se diviser ainsi éternellement, comme des cellules cancéreuses). Par la suite, lorsque l’enfant a une pathologie, on peut le guérir avec ses propres cellules (100% compatibles). Cette thérapie cellulaire est déjà utilisée avec des cellules souches adultes par traiter des cœurs malades, par exemple. A terme, on peut imaginer non pas seulement le traitement des maladies, mais la régénération progressive des tissus vieillissants. Forme futuriste du légendaire bain de jouvence.

Disponibilité : immédiate pour malades volontaires en phase terminale. 2010-2015 pour un début de généralisation. Mais un conseil : cryogénisez déjà le cordon ombilical de votre enfant, qui contient des cellules multipotentes. On ne sait jamais…

 

Modification génétique / Chromosomes artificiels

Devenir un organisme génétiquement modifié n’est pas limité à la tomate et au maïs. Voici déjà cinq ans, on a mis au monde des enfants génétiquement modifiés : la thérapie génique les a guéris d’une maladie rare et gravissime (bébé-bulle : immunodéficience combinée sévère). La thérapie génique est une forme médicale de la transgenèse utilisée de longue date en agriculture et en élevage : il s’agit de désactiver un gène malade pour le remplacer par un gène sain. En général, on cultive des cellules porteuses du bon gène et on les réimplante ensuite sur la cible, dans l’organisme. L’idéal est de corriger le malade dès l’embryon (thérapie génique germinale), mais c’est encore interdit dans la plupart des pays. On recourt donc à la thérapie génique somatique, plus tardive, plus imprécise et plus dangereuse. Au-delà de cette dimension strictement médicale, on progresse actuellement à pas de géant dans la maîtrise globale de la transgenèse, c’est-à-dire du transfert de gènes d’un organisme à l’autre. D’ici quelque temps, chacun pourra donc modifier ses structures génétiques, en ingérant par exemple des nanopuces ADN chargées d’intégrer le génome de certaines cellules. Autre piste à l’étude : la fabrication de chromosomes artificiels. Logés dans les cellules et dotés de toute une gamme de gènes (humains… ou non humains), ils se reproduisent et s’expriment comme les chromosomes naturels. Cela fonctionne en labo déjà sur des cultures cellulaires et des micro-organismes.

Disponibilité : immédiate pour malades volontaires en phase terminale (thérapie génique). 2010-2015 pour une extension dans le cadre thérapeutique. 2030 pour des choix excédant la santé.

 

Clonage

On en a beaucoup parlé (voir le site), nous serons donc bref. Le clonage reproductif consiste à reprogrammer le noyau d’une cellule somatique de votre corps adulte (cellule de peau ou d’intestin, peu importe) pour lui redonner une totipotence comparable à une cellule embryonnaire. Ensuite, ce noyau est placé dans un ovocyte énuclée, puis dans le ventre d’une femme. Celle-ci porte votre clone (ou le clone de la personne que vous aurez choisie), c’est-à-dire un individu qui vous sera génétiquement identique à 100%. Bien sûr, son milieu de développement sera différent, et cela dès la phase fœtale. La technique du clonage reproductif existe déjà, mais elle est encore difficile, peu sûre et coûteuse. Les progrès sont néanmoins rapide dans le monde animal - vous pouvez d’ailleurs aussi faire cloner un animal de compagnie si vous le souhaitez.

Disponibilité : immédiate. Le clonage reproductif est interdit dans bon nombre de pays (dont la France), mais encore autorisé dans beaucoup d’autres.

 

Choix des gamètes / choix embryonnaire

Nous sommes à nouveau dans le domaine de la procréation. Deux cas de figure. Vous souhaitez vous reproduire vous-même (en couple et sans clonage). Mais vous êtes porteurs de gènes délétères (nous le sommes tous) et vous craignez que certains se transmettent à l’enfant (l’un et l’autre parents donnent le “ mauvais ” gène, l’enfant devient alors homozygote pour ce gène et le trait associé). Une solution, déjà utilisée dans le cadre des bébés-médicaments, c’est-à-dire des bébés sains futurs donneurs pour un frère ou une sœur malade : le tri embryonnaire. Par procréation artificielle, vous produisez plusieurs embryons. Vous ne réimplantez que ceux qui présentent les traits intéressants. La technique est encore pénible pour la femme (stimulation ovarienne, extraction et réimplantation ovocytaires). Mais après tout, on n’a pas une grossesse par an et le choix d’une bonne descendance mérite quelques sacrifices. Autre cas de figure : vous souhaitez donner certaines caractéristiques à votre enfant et vous n’avez pas de conjoint. Vous pouvez utiliser aux Etats-Unis des banques de donneurs de gamètes (ovocytes, spermatozoïdes) et des mères porteuses sont toutes les caractéristiques physiques et psychologiques vous sont précisées. Ainsi bien sûr que les antécédents médicaux.

Disponibilité : immédiate.

 

Dopage

C’est bien connu : les stades sont nos nouveaux temples et le corps remodelé des sportifs y a pris la place des statues grecques. Parfois, les mêmes sportifs ont aussi remplacé les souris de laboratoire : ces cobayes testent pour vous toutes les substances susceptibles d’accroître l’endurance et la puissance. En intensité, ce qui se paye parfois sur la durée. Championne de cette catégorie en terme de (im)popularité médiatique : l’EPO ou érythropoïétine, une protéine impliquée dans l’oxygénation du sang. Autre classe de substances : les stéroïdes et anabolisants, qui augmentent la masse musculaire (aussi l'agressivité) et réduisent le tissu adipeux. Les perfluorocarbones donnent parfois des résultats similaires. Mais toutes ces substances ont des conséquences négatives importantes sur la santé du foie, du cœur et des reins. Aussi le dopage se prépare-t-il à entrer dans sa phase génétique. Profitant des progrès importants de la recherche en ce domaine, plusieurs labos planchent sur l’optimisation locale des tissus musculaires et l’optimisation globale de l’oxygénation par injection au bon endroit de bons gènes codant pour les bonnes protéines. Si les sports de haut niveau demandent un entraînement intensif permanent, la bonne forme physique (moins de graisses, plus de muscles, plus d’oxygène) sera demain à la portée de tous.

Disponibilité : immédiate si vous êtes coureur du Tour de France ou pour certains produits (dangereux à hautes doses) sur pharmacie internet off-shore, comme l’EPO, la créatine, l’hormone de croissance, etc. 2010-2020 pour des molécules plus ciblées et plus grand public.

 

Psychotropes - Nootropes

L’humanité recherche depuis longtemps des états modifiés de conscience. Des chamans préhistoriques maniant l’argot et l’anamite aux savants psychédéliques des années 1950-60, nous étions dans la phase artisanale. Voici l’âge industriel de la transmutation cérébrale. Une substance psychotrope est une molécule qui modifie les fonctions du cerveau humain, qu’il s’agisse des fonctions végétatives (sexe, appétit), émotives (humeur, personnalité) ou cognitive (mémoire, intelligence). Génération Prozac, génération Viagra, génération Ritaline… tout le monde a entendu parler de ces nouveaux médicaments miracles, simples d’emploi, ayant des effets substantiels sur des fonctions psychologiques (et leurs réponses physiologiques), avec par ailleurs très peu d’effets secondaires. Dans le sillage de la recherche sur les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson), les troubles de l’humeur (dépression, anxiété) ou les pathologies plus rares (narcolepsie, épilepsie), de nouvelles formules moléculaires permettent non seulement de guérir le sujet malade, mais aussi d’améliorer le sujet sain. Augmenter le tonus, la libido, l’éveil, la mémoire, l’attention…Dans le seul domaine de l’esprit, environ 300 molécules psychotropes sont actuellement en phase III de test. Et on trouve déjà une offre assez abondante sur le marché.

Disponibilité : immédiate (en général, sur des pharmacies internet off-shore).

 

Implants neuronaux


Le cerveau humain est une machine merveilleuse. Mais terriblement imprécise, car forgée très lentement par l’évolution biologique, avec plein de contraintes qui concernaient nos ancêtres (humains ou non-humains) mais ne sont plus toujours d’actualité. L’emploi du mot “ machine ” n’est pas innocent. On l’ignore souvent, mais les pacemakers cérébraux existent déjà. Ainsi, chez les malades parkinsoniens gravement atteints, des électrodes implantées dans le noyau subthalamique, émettant à une fréquence de 100 Hz, permettent de réduire l’activité anarchique des neurones. D’autres projets sont aujourd’hui à l’étude, pour traiter diverses maladies : formes graves et récidivantes de la dépression, trouble obsessionnel compulsif. A terme, on pourra peut-être traiter la bêtise (maladie très répandue bien que non reconnue) en stimulant électriquement les neurones du cortex orbito-frontal où se tient une bonne partie de l’activité cognitive à portée générale (mémoire de travail notamment). Et plus tard encore, stimuler chacun de ses sens à volonté, augmenter l’activité d’un hémisphère cérébral, accroître l’empan de notre mémoire à long terme (sémantique et procédurale), se doter de capacités encore inconnues. A l’heure actuelle, tout cela est encore de la science-fiction. Mais la miniaturisation croissante des implants et la connaissance de plus en plus fine de l’anatomie cérébrale rendent cette évolution très probable. Et souhaitable, cela va sans dire.

Disponibilité : immédiate pour pathologies invalidantes (Parkinson). 2004-2015 pour extension thérapeutique. A partir de 2020 pour usage non strictement médical.

 

SMT / TMS

L’idée d’activation des neurones par intervention externe est au fondement de l’ancien électrochoc. Bien que décrié, car utilisé maladroitement dans les années 1940-1950, l’électrochoc a parfois donné de très bons résultats chez des malades incurables. Et existe toujours sous le label d’électroconvulsivothérapie. Mais depuis quelques années, le principe a été repris par une nouvelle technique, la stimulation magnétique transcrânienne (TMS). La TMS utilise des champs magnétiques qui, sans contact direct avec le crâne, pénètrent de quelques centimètres dans le cortex pour atteindre des zones précises et tenter d’y “ réveiller ” les neurones. La TMS est actuellement en phase d’essai pour traiter certaines formes résistantes de dépression. Mais la TMS peut aussi servir à d’autres fins. Allan Snyder (Center for the Mind, Sydney, Australie) est ainsi parvenu à améliorer la créativité de sujets sains (en l’occurrence, capacité de dessin) grâce à la TMS. Comme pour les implants neuronaux, l’accroissement artificiel de l’activité synaptique peut aboutir à des optimisations locales du fonctionnement cérébral.

Disponibilité : immédiate pour des thérapies, en cas de pathologies cérébrales ou comportementales non guéries par d’autres moyens. Pour un usage personnel non-médical, 2015-2030 (selon rapidité des progrès actuels).

 

Cryonie ou biostase

Un corps congelé, puis réveillé des décennies ou des siècles plus tard… Cette image figure parmi les représentations les plus répandues de science-fiction. Peut-elle un jour correspondre à une réalité ? La cryogénie désigne la production et l’utilisation de très basses températures, à partir de gaz (méthane, oxygène, hydrogène, hélium, azote, argon). On l’emploie dans le domaine du vivant pour soigner (azote liquide dans les opérations des yeux ou le curetage des verrues), mais aussi pour conserver un certain nombre de tissus : cellules, peau, embryon, sperme. Hélas, dès que l’on atteint des tailles importantes (organes, a fortiori corps), les techniques actuelles de cryonie se traduisent par la destruction des fonctionnalités de chaque tissu. Malgré ces limites, certains considèrent que l’on pourra un jour prochain conserver dans le grand froid des corps entiers ou des cerveaux, pour les “ réveiller ” ensuite. Voire les “ télécharger ” dans une conscience artificielle, par reproduction nanotechnologique de chacune des liaisons neuronales. Pour le coup, c’est encore de la science-fiction.

Disponibilité : immédiate pour le sperme, l’embryon, les cellules souches du cordon ombilical de votre enfant. Voire le cerveau ou le corps entier (Etats-Unis). Réveil non garanti dans ce dernier cas.